Comparaison, métaphore, personnification, hyperbole,
métonymie… sont les figures de style qu'on retrouve le plus souvent dans les
textes ou dans les questions (Quelle est la figure de style utilisée ?
expliquez-la…). En bas de page, vous trouverez deux liens pour en savoir
davantage.
On appelle figures de style des procédés d'écriture qui
permettent d'exprimer une idée ou un sentiment en leur donnant une force
particulière.
1. LES FIGURES DE RAPPROCHEMENT ("figures par
analogie" ou "images")
- la comparaison
On rapproche deux éléments, le comparé et le
comparant, en les exprimant tous les deux, pour souligner un point
commun, à l'aide d'un outil de comparaison (comme, tel, semblable à,
pareil à...)
Le fleuve est pareil à ma
peine. (Apollinaire,
Marie).
(comparé)
outil
(comparant)
Le point commun du fleuve et de la peine ? Ils sont
intarissables.
- la métaphore
La comparaison est sous-entendue ; il n'y a pas d'outil de
comparaison. On n'exprime pas le rapport qui permet le rapprochement:
Les perles de rosée… (Les gouttes de rosée sont
comparées à des perles : le rapprochement s'appuie sur la forme des gouttes et des
perles, mais aussi sur leur éclat.)
Lorsque la métaphore se poursuit sur plusieurs propositions
ou phrases, on parle de métaphore filée.
- la personnification
On attribue à une chose ou à un animal un comportement, un
sentiment, une qualité humaine :
Le ciel est en colère (pour parler de l'orage)
- l'allégorie (fém.)
On exprime une idée, un sentiment, par une forme concrète,
leur faisant perdre ainsi leur aspect abstrait :
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, peut
gémir. (Desnos, Demain)
2. LES FIGURES DE REMPLACEMENT (ou de substitution)
- la synecdoque
On désigne un objet par l'une de ses parties : les voiles
pour les bateaux ; on peut également désigner une personne ou un objet par sa
qualité : un humain pour un homme, un rond pour une pièce de
monnaie ; ou encore l'objet par la matière : un jean (= un pantalon en
jean)
- la métonymie
Très proche de la synecdoque, avec laquelle on la confond
souvent, la métonymie désigne la personne ou l'objet par une association
d'idées : l'Elysée pour la présidence de la République ; Matignon
pour le chef du gouvernement ; une plume pour un écrivain ; boire une
bouteille pour boire une boisson…
- la périphrase
On emploie plusieurs mots pour désigner quelque chose ou
quelqu'un sans le nommer ; c'est une sorte de définition, de devinette :
L'île de beauté (= la Corse) ; les entrailles
de la terre (= les profondeurs du sol) ; à l'heure où blanchit la
campagne, V. Hugo (= l'aube)
3. LES FIGURES D'INSISTANCE (ou d'exagération,
d'amplification)
- la gradation
Ce sont des termes généralement de plus en plus forts (pour
le sens) qui se succèdent dans une phrase ou dans un vers :
Va, cours, vole, et nous venge ! (Corneille, Le Cid)
Ou, plus connu, à propos du nez de Cyrano de Bergerac :
C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap.
Que dis-je c'est un cap, c'est une péninsule. (Edmond Rostand, Cyrano)
Cependant, on distinguera la gradation
"ascendante" de la gradation "descendante" : dans la
première, les termes sont de plus en plus forts tandis que dans la seconde, les
termes sont de moins en moins forts.
Exemple : "Ça dure bien toute une nuit à brûler, un
village (...), à la fin, on dirait une fleur énorme, puis rien qu'un
bouton, puis plus rien." (Céline)
- l'hyperbole (fém.)
On emploie des termes exagérés, trop puissants, pour frapper
l'imagination :
Mourir de peur ; se tuer au travail ; une
avalanche de cadeaux...
- l'anaphore (fém.)
On répète un même mot au début de plusieurs vers ou phrases
:
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant (…)
(Aragon,
Strophes pour se souvenir)
Honte à ceux qu'un ciel pur ne fait pas soupirer
Honte à ceux qu'un enfant tout à coup ne désarme
Honte à ceux qui n'ont pas de larmes
Pour un chant dans la rue une fleur dans les prés
(Aragon, Cantique à Elsa)
- l'accumulation
On énumère au moyen de la juxtaposition plusieurs éléments
de même nature pour approfondir la pensée, l'enrichir ou l'agrandir.
Devant eux,
sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides
rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances. (Maupassant, Bel Ami).4. les figures de l'atténuation
- l'euphémisme (masc.)
On atténue une réalité brutale par une expression plus douce :
Il n'est plus très jeune. (= il est vieux.) ; Il n'est plus (= il est mort)
- la litote
On dit peu pour exprimer davantage (souvent à la forme négative) :
Ce n'est pas mal = c'est bien. ; Va, je ne te hais point = je t'aime. (Corneille, Le Cid)
5. LES FIGURES DE CONTRASTE (ou d'opposition)
- l'antithèse (fém.)
On rapproche deux idées qui s'opposent fortement :
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents (Desnos, Demain)
- le chiasme
Expression construite autour de 4 termes, fonctionnant 2 par 2 (le 1er et le 4e, le 2e et le 3e), qui sont de même nature et se répondent.
Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger (Molière, L'avare)
(1) (2) (1) (2)
- l'oxymore ou oxymoron (masc.)
Expression constituée de deux mots apparemment inconciliables de sens, individuellement, (expression donc proche de l'antithèse), mais qui ont un sens quand ils sont associés :
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille, Le Cid)
La guerre : une boucherie héroïque (Voltaire, Candide)
- l'antiphrase (fém.)
On dit, par ironie, le contraire de ce que l'on pense mais le ton employé ou l'expression du visage ne laisse aucun doute sur le sens du message :
Et bien, tu es propre ! (à un enfant qui s'est sali) ; Bravo ! Beau travail... (à quelqu'un qui a échoué).
6. LES FIGURES DE CONSTRUCTION
- Le parallélisme
On utilise une syntaxe semblable (construction grammaticale) pour deux énoncés afin de rythmer une phrase, un vers. Le parallélisme peut être rapproché de la comparaison car on compare, généralement, deux objets, deux idées, en les approchant l'un de l'autre pour mieux faire sentir leurs rapports, leurs oppositions...
Que la nature est belle et que le cœur me fend (Aragon, Strophes pour se souvenir)
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer (V. Hugo, les Contemplations)
Deux sites intéressants sur les figures de style